Automne 1816, Bappa aperçoit Bharatpur, sa ville natale, au bord de la rivière, là ou elle commence à s’élargir. Il porte toujours son uniforme de Gurkha. La guerre entre son peuple et les britanniques vient de se terminer et les Népalais ont perdu. La Compagnie britannique des Indes orientales va donc pouvoir continuer à étendre ses tentacules. Bappa, lui, ne s’est pas battu, et pour cause : il n’est pas soldat, il est forgeron. Forgeron et pêcheur. Pendant ces 2 ans de guerre, il a réparé des chariots, forgé des ustensiles divers et variés et surtout, il a forgé des khukuris, la dague recourbée des Gurkha, redoutable arme de corps à corps. C’est un domaine dans lequel il excelle. D’ailleurs, n’a-t-il pas été prénommé Bappa, comme Bappa Rawal, le prince possesseur de la première dague Khukuri ? Il est tellement doué avec une forge que les Britanniques ont essayé de le recruter, à la fin de la guerre, comme ils l’ont fait avec nombre de ses camarades, sous contrat, au sein de l'armée de la compagnie, les « Gurkha rifles ». Il est courageux et défendre son peuple et son pays, ça oui, il comprend. Mais se faire payer pour tuer des Pindarîs ou des Sikhs, c’est une autre histoire. Alors il a dit non, repris ses marteaux et il est rentré chez lui. En marchant, il sent dans sa poche le poids d’un petit objet qu’il a échangé avec un soldat Anglais au prix d’un khukuri de luxe promis à un officier Gurkha mort entre temps: un couteau qui se plie en deux, avec un ingénieux système de ressort qui maintient la lame soit ouverte, dans le prolongement du manche, soit fermée à l’intérieur du manche. Bien sûr l’objet est petit comparé à une dague, mais en adaptant la forme du Khukuri au système du couteau fermant, il est sûr d’en faire un outil utile et unique!
Je ne sais pas si Bappa le forgeron a existé ailleurs que dans mon esprit et mes pinceaux.
Le fait est que le premier couteau que j’ai créé à l’automne 2016, un pliant à cran forcé, s’inspirait déjà du khukuri. Au fil des années son profil à évolué pour devenir le Gour-K. La forme si particulière de sa lame en fait le compagnon idéal et atypique du chasseur, du pêcheur ou du randonneur. Il peut être monté indifféremment en piémontais, « 2 clous », ou à ressort ce dernier type d’ouverture lui étant le plus adapté.